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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 19:30

Vous allez me dire que je suis fou ? J’assume !

Je vous avais déjà parlé des 300 premiers, c’était ici.

Eh bien, j’ai l’honneur de vous annoncer que maintenant, je dispose des 400 premiers rivages noirs depuis quelques semaines.

N’allez pas en déduire que je suis un collectionneur, ou bien peut-être, je ne sais pas. En tous cas, ça va me faire une sacrée lecture … mais pas pour tout de suite. Celui qui m’a donné le plus de fil à retordre, c’est Mémoire vive de Robin Cook, le numéro 374. Etant épuisé, j’ai eu du mal à mettre la main dessus !

Alors, qu’y a-t-il à puiser dans ces 100 nouveaux romans que j’aurais mis 2 ans à trouver ? voyons voir :

Outre les Jim Thompson (Avant l’orage), Pierre Siniac (L’orchestre d’acier), Donald Westlake (Faites moi confiance), Elmore Leonard (Comme des hommes) ou James Ellroy (Ma part d’ombre, crimes en série), je tiens à vous signaler les ouvrages suivants dont on ne parle décidément pas passez :

312 : Du bruit sous le silence de Pascal Dessaint car on ne parle pas assez de cet auteur

314 et 339 : Dans la brume électrique et La pluie de néon de James Lee Burke que je vais bientôt lire

330 et 383 : A nos chevaux et Kop de Dominique Manotti les 2 premiers volumes d’une trilogie qui m’ont fait aimer cet auteur

336, 368, 369 : Le second cavalier de l’apocalypse, Le langage des cannibales et Veil de George Chesbro qui ne sont pas ses meilleurs mais j’adore Mongo le magnifique, et Veil est bourré d’action

337 Lumière froide de John Harvey que je dois lire aussi

344 : Les hommes de proie de Edwrad Bunker car il faut lire tout Bunker

353 : Steeltown de James Grady à ne pas manquer car on ne parle pas de ce grand auteur

375 : Le couperet de Donald Westlake qui est un de ses meilleurs romans noirs

380 : Un dernier verre avant la guerre de Dennis Lehane qui est le début d’une série immanquable.

Voilà, pour ceux que j’ai lus et aimés. Je suis perdu, il va falloir que je continue … allez, objectif 500 et rendez vous dans deux ans !

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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 10:00

Jour de grève ... garde d'enfants obligatoire car école fermée !

Au programme du jour, achat de livres :

Printemps de Mons Kallentoft (Serpent à plumes)

La disparition soudaine des ouvrières de Serge Quadruppani (Le Masque)

La dent du narval de Piero Colaprico (Rivages noir)

Morsaline de Hervé Sard (Krakoen)

Nirvana Transfert de Marie Vindy (Krakoen)

Et d'autres ...

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 19:30

SéquestréeLors de mes pérégrinations webesques pour cette rentrée littéraires, ce roman m’avait intrigué par son sujet : comment une femme peut-elle se remettre d’un kidnapping qui aura duré presque un an ? Je peux vous dire que ce livre a pleinement répondu à mes attentes.

Annie O’Sullivan est agent immobilier à Clayton Falls, sur l’île de Vancouver. Elle vient de récupérer un gros marché d’appartements et s’apprête à faire une opération Portes Ouvertes. Ce soir là, elle est un peu pressée, elle doit récupérer la cafetière chez sa mère, Lorraine, et préparer son dîner avec Luc, son petit ami du moment, sans oublier de s’occuper de sa chienne Emma. Alors qu’elle s’apprête à fermer boutique, un jeune homme blond aux yeux bleus, qui s’appelle David, demande à faire une visite.

Charmant au premier abord, David s’en prend violemment à Annie, avant de l’emmener dans sa camionnette blanche. Alors qu’elle est endormie, elle ne va pas émerger avant son entrée dans une maison de rondins de bois. La maison semble confortable, mais David va vite lui imposer des règles inédites, telles que le ménage, les repas, le bain, l’épilation quotidienne, les horaires fixes pour aller aux toilettes.

Dès le début, elle subit les violences physiques de celui qu’elle va surnommer Le Monstre. Il la tape dès qu’elle fait quelque chose qu’il ne veut pas, essaie de la violer après le bain sans succès, l’insulte. Petit à petit, Annie et Le Monstre vont trouver un mode de communication, se faisant des confidences sur leur enfance, leurs parents, leurs amis. Et …

Je ne peux pas vous en dire plus ! Il y a mille façons de mener une intrigue avec ce sujet, cela aurait pu être effrayant, gore, comique, plein de rebondissements. Chevy Stevens a choisi de raconter son histoire au travers des séances de Annie chez sa psychiatre, qui devraient lui servir à se soigner, extérioriser cette année de torture. Donc, Annie raconte ce qu’elle veut, d’elle-même et cela évite les scènes pénibles ou insoutenables. Je vous rassure donc, ce livre peut être mis entre toutes les mains.

De plus, sous couvert d’un roman psychologique, car on nous fait entrer dans la tête, les pensées et les émotions de Annie, il y a un vrai suspense, celui de savoir pourquoi elle a été enlevée et dans quel but. Et la construction est redoutable pour le lecteur : on attend avec impatience de savoir ce que Annie va vouloir raconter à son psy, car c’est elle qui choisit les sujets, tantôt présents, tantôt passés.

C’est un roman passionnant, un véritable coup de maître, assurément l’une des excellentes surprises de cette rentrée. La fluidité de la narration et la justesse de la psychologie font de ce roman un excellent moment de lecture, diablement efficace et bigrement passionnant. Je suis curieux voire impatient de lire son prochain roman. A noter que ce roman a été publié aux éditions France Loisirs sous le titre La cabane de l'enfer.

De nombreux avis sont disponibles sur le net, dont ceux d'Oncle Paul, l'ami Claude, Corinne ou l'incontournable Dup.

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 19:30

visages-ecrases.jpgVoici mon premier roman de Marin Ledun, dont j’avais très envie de lire un livre, et je profite de la sélection pour le prix 813 pour commencer par un roman noir, très ancré dans la réalité sociale actuelle. Au passage, je remercie Holden de l’excellent site Unwalkers qui me l’a donné.

Vincent Fournier a la cinquantaine, il est marié et a deux enfants. Il a été balloté de postes en postes avant d’atterrir sur une plate forme téléphonique à répondre aux exigences des clients et d’essayer de vendre quelques forfaits téléphoniques supplémentaires. Car les objectifs sont difficiles à atteindre voire impossibles à réaliser. Il a fait une tentative de suicide et va de plus en plus mal.

Il a rendez-vous avec le docteur Carole Matthieu, qui est médecin du travail. Elle connait mieux que n’importe qui la situation des salariés, leur mal-être, leur difficultés au quotidien, et l’inhumanité qui règne dans cette entreprise. Une fois de plus, Vincent lui déclare qu’il ne dort plus, qu’il n’en peut plus. Alors elle consigne dans son rapport qu’il doit obtenir un arrêt de travail.

A la fin de son travail, elle prend sa voiture, mais s’arrête quelques pâtés de maisons plus loin, revient sur le site de l’entreprise, armée d’un pistolet, et retrouve Vincent, étourdi par le médicament qu’elle lui a injecté. Elle presse le révolver contre son menton, et suicide Vincent, pour soulager ses souffrances autant que pour dénoncer les conditions de travail qui règnent dans cette entreprise.

Ce roman a été écrit avec toute la passion et l’envie de montrer et démontrer une vision du monde du travail d’aujourd’hui. Clairement, le sujet tient à cœur à Marin Ledun, et il nous le fait sentir au travers de cette histoire de médecin du travail. Il a clairement écrit une intrigue sans concession, montrant la loi de l’objectif inatteignable et des gains optimaux, au détriment de l’humanité.

Tous les personnages y passent, grâce à une personne qui les connait mieux que tout le monde, le médecin du travail, qui recueille tous les petits maux, les petites pensées, les petits soucis, les grandes désillusions, les grandes luttes pour rester en vie selon la nouvelle philosophie : travailler pour vivre. Comme Marin Ledun a travaillé dans ce monde de standard téléphonique, il nous le fait vivre par le petit bout de la lorgnette.

Et quoi de mieux que de nous le décrire par les yeux d’une personne dérangée, stressée, à bout, qui fait partie de l’entreprise sans pour autant en faire partie ? Quel génie d’avoir choisi ce médecin qui au travers de son mal-être veut soulager les salariés qui souffrent ? Ecrite à la première personne, il nous fait pénétrer dans la psychologie de ce médecin du travail, à la fois docteur et complice des objectifs de cette entreprise.

La seule réserve que j’apporterais à ce roman, c’est son style haché qui colle mal avec la personnalité du docteur ; j’aurais aimé des phrases plus construites qui donneraient à montrer l’éducation et le dilemme de la personnalité du médecin. Et puis, j’y ai trouvé une certaine répétition sur certains messages tels que « les objectifs sont inatteignables » qui apparait plusieurs fois. Malgré cela , il est écrit sur la quatrième de couverture : « Un roman noir à offrir de toute urgence à votre DRH », ce qui est accrocheur; il faut que tout le monde le lise, alors lisez le !

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 19:30

Mort au détailDepuis une lecture de riffle noir qui était Eclipse d’une nuit d’hiver de Richard Albisser, et une rencontre très accueillante lors du salon du livre, je surveille les publications de cette maison d’édition. La publication du petit dernier va me permettre d’ajouter un nouvel auteur à ma liste déjà bien fournie.

Noel 2007, Saulmères. Une baraque à frites a pris feu. Tout le monde pense à une arnaque à l’assurance et Corinne Maresquier est chargée de l’enquête. Quand Papy Malou est retrouvé assassiné chez lui, tout le commissariat est sur le pied de guerre. Car c’est un personnage sans histoire, ancien artisan à la retraite, et parce que un meurtre dans cette ville du nord est toujours un événement exceptionnel.

Le commandant de police Jacobsen est naturellement chargé de l’enquête et on lui octroie Corinne. L’enquête montre rapidement que sa femme, à moitié sourde n’a rien entendu, et que Georges Malou participait bénévolement à de nombreuses associatives dont Caritas qui vient en aide aux immigrés clandestins qui cherchent à rejoindre l’Angleterre. Mais pourquoi donc ce retraité paisible a-t-il été tué par une balle de 9mm, arme utilisée plutôt par de grands malfaiteurs ?

Papy Malou se révèle un personnage un peu plus trouble qu’un paisible artisan à la retraite. Il était plus intéressé par les notables de la ville que par le bénévolat, et c’était un joueur invétéré. En parallèle, les baraques à frites flambent. Antoine Bernard est retrouvé assassiné dans les restes calcinés de l’une d’elles, alors qu’il avait contacté Jacobsen pour lui donner des informations. Les pistes pleuvent, les mystères s’épaississent pour aboutir à un final …

Je ne vous en dirai pas plus, car l’enquête policière, au demeurant classique, est prenante et surprenante à souhait. Le principe de l’auteur est simple : nous donner des dizaines de fausses pistes avant de patiemment démêler les fils qu’il a lui-même emmêlé. Et c’est d’autant mieux fait que l’on suit un couple de policiers qui sont des gentils, amoureux l’un de l’autre sans oser franchir le pas de la vie commune, deux beaux personnages qui ont souffert, qui ont le remède à portée de leur main sans oser le prendre.

L’autre chose qui m’a plu, c’est la description de la vie en province. C’est remarquablement bien fait, quand il s’agit de décrire les relations entre les gens, les petites inimitiés, les on-dit que l’on entend au café. Et je suis d’autant plus époustouflé que la ville est totalement inventée par l’auteur et qu’elle nous semble à nous, lecteurs, terriblement vivante. On pourrait même faire le plan de la ville voire des environs, rien qu’en lisant ce livre.

Enfin, il y a le sujet, cette ville qui a vécu innocente, presque protégée des horreurs modernes, et qui se réveille en plein milieu d’un monde qu’elle ne comprend pas. Le réveil est dur, avec ces notables qui n’ont pas plus de respect envers leurs électeurs qu’envers des chiens, avec ces pauvres immigrés qui survivent dans ce que les gens du coin appellent la jungle (c’est dire !), avec ces associations caritatives qui profitent du système voire de ceux qu’elles sont censés aider, avec ces flics haut gradés qui sont à moitié cow-boys ratés, à moitié obnubilés par les chiffres.

Avec ce livre, qui décrit une vérité hallucinante que nous connaissons mais qu’il est bon de rappeler, vous découvrirez une région qui subit, des gens simples qui vivent sans tout comprendre, des immigrés clandestins que tout le monde voudrait nier ou gommer, et une bonne histoire policière classique avec des personnages attachants. Nul doute que je vais revenir voir du coté de l’œuvre de Dirck Degraeve, car j’y ai pris beaucoup de plaisir.

Un autre avis passionné de Dup chez Book en stock ici.

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 19:30

La voix secrèteEtant donné le nombre de publications par an, le choix de mes lectures est forcément soit subjectif, soit au hasard d'une rencontre (éditeur, auteur, ami ou blogueur). Je dois cette découverte à Holden de Unwalkers (encore !), car non seulement il a attiré mon attention mais en plus, il me l’a offert. Alors un grand merci pour ce roman particulièrement attachant … mais j’y reviens !

Décembre 1835. Le règne de Louis Philippe ne fait pas l’unanimité, le peuple n’est pas content car miséreux, et de nombreux attentats ont récemment eu lieu.  Pierre François Lacenaire, célèbre tueur en série et poète, attend sa mort prochaine dans sa cellule de la Conciergerie. Son exécution est prévue dans un mois, et il jouit de beaucoup d’égards : bons repas, visites d’amis et de connaissances, confort quant à la rédaction de ses mémoires.

Durant ce mois de décembre, un tueur d’enfants sévit sur la capitale. La police retrouve des corps ou des têtes. Chaque corps porte des marques qui sont identiques à celles relevées sur des victimes de Lacenaire. Allard, le chef de la Sureté et Canler son adjoint vont donc être chargés de cette enquête qui va s’avérer explosive et destructrice pour ces deux personnages autant que pour le pouvoir en place.

Vous est-il déjà arrivé de vous faire draguer par un roman ? C’est la première fois qu’un livre me fait des clins d’œil, que son charme subtil opère un tel attrait sur moi. Car ce n’est pas l’intrigue qui m’a fait l’aimer, mais bien la cohérence de l’ambiance de l’époque, les personnages et l’écriture qui font que je ne suis pas près d’oublier ce voyage au dix neuvième siècle.

Je suis tombé sous le charme de Lacenaire, cet assassin érudit, poète, écrivain, manipulateur, dénonciateur. J’ai adoré Allard, qui au risque de se perdre, place l’amitié au centre de sa vie. J’ai détesté Canler et ses supérieurs qui préfèrent se ranger aux cotés des proches du roi pour ne pas perdre leurs prérogatives, et se contentent d’appliquer les ordres. Et parfois, on se dit qu’il y a bien peu de différence entre aujourd’hui et cette époque.

Il y a dans ce roman des passages d’une pure beauté, des descriptions qui tiennent en une phrase, en un paragraphe pour décrire Paris en pleine mutation, la saleté, la misère, les pauvres qu’on expulse. Michael Mention fait preuve d’un grand talent pour nous faire vivre un voyage dans le temps avec des personnages forts. Indéniablement, c’est un auteur à suivre de très près. Il nous offre là un très bon polar fort et charmant à la fois. C’est rare.

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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 19:30

Bienvenue à OaklandEncore un coup de coeur ! Ce roman, outre sa quatrième de couverture aguichante, m’a été très chaudement recommandé par Holden du blog Unwalkers. Je n’ai pas été déçu par cette peinture des bas-fonds de Oakland.

T-Bird Murphy s’enferme dans un garage de Warrensburg, tout proche de Oakland, qu’il loue 200 dollars par mois. C’est comme ça la vie quand on est pauvre aux Etats-Unis. T-Bird va se rappeler comment il faut tous les jours chercher du travail, non pas pour vivre, mais pour manger, pour survivre. Et T-Bird, fils d’un immigré irlandais, en a des souvenirs à raconter, des choses à dire.

De sa jeunesse, dans un quartier pris en tenaille entre les Mexicains et les Noirs, être blanc n’est pas une chance, mais plutôt une malédiction. Et quand on n’est pas né du bon coté de la barrière, du bon coté de la ligne jaune, on travaille avant l’age de dix ans. On tond les pelouses pour un malheureux dollar, on fait le pompiste, on nettoie les voitures, on ramasse les merdes de chien.

Alors, dès qu’il a un boulot, T-Bird se retrouve avec les potes, les copains de beuverie de toujours, à boire le mauvais whisky, ou alors dans les égouts à vider des bouteilles trouvées au hasard ou bien volées. Mais ne croyez pas qu’il n’y a pas de justice : T-Bird fait partie des pauvres, des miséreux, tout en sachant très bien qu’il ne fera jamais partie de la caste des nantis. Mais peu importe, lui sait jouer du jazz, de la trompette, et il lit des livres, parce que au fond de lui, peut-être qu’il reste encore un petit morceau de rêve.

Ce roman commence par la couverture : Un chien errant, affamé, qui marche en cherchant quelque chose à manger. Puis, les anecdotes : Quand vous cherchez du travail, n’y allez pas bien habillé avec des chaussures de sécurité neuves, sinon le patron va croire au premier coup d’œil que vous allez lui demander un trop gros salaire. Bienvenue en enfer !

Si vous attendez un petit bouquin pépère tranquille peinard, alors il vaut mieux vous prévenir : Ce bouquin parle des bas-fonds, des gens qui tentent de survivre, et c’est écrit avec le langage des bas-fonds. Ce bouquin, c’est plutôt un ouragan supersonique, un marteau piqueur qui va vous défoncer le cerveau, une lancinante musique de trompette qui va vous harceler la nuit.

Sur une pièce de monnaie, il y a deux faces. Mais pour Eric Miles Williamson, les deux faces sont encore trop belles. Il va vous montrer, vous imposer sa vision de la société en dessous des faces de la pièce, celle que l’on ne montre jamais, celle que l’on ne veut pas croire, que l’on aimerait qu’elle n’existe jamais. Putain, bordel de merde, c’est une claque, une gigantesque baffe dans la gueule. Excusez moi, mais je me fonds dans le paysage.

T-Bird va vous montrer sa haine, sa rage de vivre ; pas question pour lui de laisser tomber. Dehors, c’est la jungle, alors il faut connaître les règles, la loi et essayer de s’en sortir par tous les moyens. Parfois, on se dit qu’il serait plus facile pour lui d’être un truand, voler serait plus facile que vivre cette vie là. Heureusement, il a sa trompette, son amour du jazz. D’ailleurs, ce roman est écrit comme un solo, une improvisation d’un joueur amateur.

Amateur ? Que nenni ! Car ce roman est foutrement bien écrit, formidablement bien construit, violent, agressif, vulgaire. C’est une lecture qui se mérite, que certains n'aimeront pas. Sous ses apparences d’empiler les anecdotes, pas forcément chronologiques, d’agrémenter ses nombreuses digressions, ce roman est un joyau de style, de sentiments, de dégoûts, de personnages. On en prend plein la gueule (je l’ai déjà dit, non ?) et de nombreuses références viennent à l’esprit, mais Eric Miles Williamson pourrait bien avoir écrit là un grand roman si ce n’est le grand roman de sa jeune carrière. J’en redemande.

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 19:30

Mémoire assassineAttention coup de cœur ! Ceux qui sont des inconditionnels de ce blog auront compris que cette introduction est aussi la conclusion de ce billet. Pour les autres, ne lisez pas ce billet, courez acheter ce roman remarquable à tous points de vue.

Dans les années 1990, Steve Farris est travaille dans un cabinet d’architectes. On pourrait dire de lui qu’il est un homme comme les autres. Il vit heureux avec sa femme Marie et son fils Peter, a comme tout un chacun ses joies et ses peines. Sauf que Peter porte en lui un drame qui l’a marqué et qui fait qu’il ne sera jamais comme tous les hommes : un jour, son père William a abattu sa famille et seul Steve en a réchappé, sans comprendre vraiment pourquoi.

Un jour, Une jeune femme prend contact avec lui. Elle se nomme Rebecca et est en train d’écrire une étude sur cinq cas de meurtres similaires, et cherche à comprendre ce qui a pu pousser ces hommes à exécuter ces atrocités. Elle a déjà terminé quatre de ses études et le cas Farris est le dernier qu’elle veut élucider. Elle va donc discuter avec Steve lors de rendez vous de ses souvenirs.

Steve, qui a gommé ce pan dramatique de sa jeunesse puisqu’il a été élevé par sa tante puis son oncle, va retrouver des bribes qu’il va assembler petit à petit. La soif de comprendre le pourquoi va devenir obsessionnelle et revivre pendant un moment la vie de famille de l’époque avec son père William, quincaillier passionné de bicyclettes, sa mère Dorothy une femme effacée à l’air toujours malheureux, Jamie le frère aîné toujours révolté, solitaire et de mauvaise humeur, et Laura, sa grande sœur pour qui il avait une admiration et un amour sans bornes.

Remarquable, beau, passionnant, dramatique, subtil, profond, tels sont les quelques adjectifs que je pourrais donner pour vous donner envie de lire ce livre. Car je ne vais pas répéter tout le bien que je pense de Thomas H.Cook, le talent de parler de sujets difficiles en partant d’une histoire simple. Son style fluide est un vrai plaisir à lire, et il va sûrement faire partie, comme pour moi, de vos auteurs favoris.

Ce roman, à la construction implacable (et j’y reviendrai) est écrit à la première personne. Et cela donne d’autant plus de poids à la psychologie de Steve, cet homme marqué à vie, avec cette cicatrice qu’il a refermée lui-même et qui, tout au long de l’intrigue, va se rouvrir, jusqu’à devenir sa seule obsession, au risque de se perdre. C’est un portrait d’un écorché vif, qui vit avec une seule question : Pourquoi a-t-il réchappé de ce massacre, et pourquoi son père a fait cela ?

Et c’est bien l’un des sujets du roman : Comment construisons nous notre vie, sur quels souvenirs, quelle est la part de subjectivité dans nos événements passés, comment et pourquoi nous aveuglons nous nous-mêmes ? Car petit à petit, Steve va retrouver des petites scènes, des mots, des expressions qui vont, comme de petites touches sur un tableau de peinture, dresser une image de sa famille qui va s’avérer moins idyllique que ce qu’il a toujours cru.

C’est une histoire aussi de l’innocence perdue, de la prise de conscience des autres, de la famille, de la versatilité de l’amour, du fragile équilibre des relations entre les êtres qui s’aiment, des rêves qui ne restent que des rêves, des cauchemars qui sont des cauchemars indélébiles. Tout au long du roman, Thomas H. Cook nous dissémine des indices qui ne s’expliqueront qu’à la fin, et on ne peut qu’être admiratif devant l’art du maître, devant cette construction implacable et dramatique.

Car, il y a aussi la vie présente. Ce livre ne fait pas que fouille dans les limbes de la mémoire de Steve. Il décrit aussi tous les petits gestes de la vie de tous les jours, toutes les petites discussions avec sa femme ou son fils, les petites expressions si insignifiantes qui vont aussi aboutir à construire cette histoire dramatique et même si je ne peux vous en dire plus, le passage entre les pages 400 et 420 sont un grand moment de roman noir comme j’en ai rarement lu et vécu. Ce roman est un monument, à classer juste à coté de Les feuilles mortes, c’est dire son niveau ! Il faut aussi, à mon avis, rendre hommage au traducteur Philippe Loubat-Delranc qui a su retranscrire toute la subtilité du style de Thomas H.Cook.

C’est un inédit qui date de 1993 et il est publié en format poche, alors n’hésitez pas ! Le format Points2 et un format particulier qui propose une lecture verticale. Un petit mot sur ce format, d’ailleurs : Si la lecture est aisée grâce à une excellente qualité du papier et de l’impression, j’aurais aimé quelques millimètres supplémentaires sur les marges droite et gauche du texte pour faciliter la prise en main ainsi qu’un liseré marque page … pour marquer les pages. Sinon, le format ultra compact du livre est une grosse qualité de cette collection Points2 avec une très bonne lisibilité.

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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 19:30

Courants-fourbes-du-lac-Tai.jpgVoici une lecture dans le cadre du prix du meilleur polar organisé par les éditions Points, et une retrouvailles avec l’inspecteur Chen dont j’avais beaucoup aimé Le très corruptible mandarin.

L’inspecteur principal Chen Cao est en vacances. Son ami l’ancien secrétaire général du comité de discipline du parti Zhao, maintenant à la retraite, lui a proposé de passer une semaine dans un centre de luxe réservé aux cadres du parti à Wuxi, à proximité du lac Tai. Aucune affaire n’étant urgente à Shanghai, il avait accepté, en l’échange d’une étude manuscrite sur le coin.

Chen va vite apprécier ce coin idyllique et se promener aux abords du parc de la tête de tortue, pour atterrir dans une petite gargote, chez un dénommé Wang où il va déguster des spécialités locales. Puis, il va rencontrer Shanshan, belle comme le jour, qui travaille dans l’usine chimique toute proche. Elle lui présente la situation locale, bien peu reluisante, puisque l’amélioration de la rentabilité de l’usine a augmenté considérablement la pollution du lac Tai.

Le lendemain, le directeur de l’usine est assassiné. En tant que responsable de l’environnement, Shanshan est rapidement questionnée et arrêtée. Chen, qui ne veut pas prendre part à l’enquête, rencontre le policier Huang et va, en sous main, chercher à innocenter celle pour qui son cœur est en train de fondre.

Pour ceux qui cherchent un bon roman policier, il faut lire l’œuvre de Qiu Xiaolong et en particulier celui-ci qui est très bien construit et qui regorge de fausses pistes en tous genres. De la femme à l’amante (appelée petite secrétaire) en passant par les futurs successeurs ou ceux qui ont beaucoup à gagner de la privatisation de l’usine, les fils de l’intrigue sont difficiles à dénouer à souhait.

Pour ceux qui cherchent une vision de la Chine de l’intérieur, il faut lire Qiu Xiaolong, qui nous montre les rapports entre les différentes personnes, les coutumes, les repas, les dialogues, le respect entre les gens, les droits des cadres comparés aux petites gens, les conséquences d’un capitalisme sauvage au détriment de la nature au travers de personnages attachants.

Qiu Xiaolong, même s’il traite d’un sujet à la mode, nous montre avec sa poésie habituelle (Chen écrit des poèmes en parallèle de l’enquête) une situation locale, que l’on peut facilement généraliser au pays entier et avoir peur des conséquences pour le monde. Comme d’habitude, c’est très bien fait, et c’est un vrai plaisir à lire et ça donne bigrement à réfléchir.

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 19:30

Dernière seconde avant de mourirClaude Poux, l’auteur de ce roman, m’a gentiment proposé de lire La dernière seconde avant de mourir. Et je dois dire que j’ai passé un agréable moment en compagnie des nombreux personnages de ce roman policier classique.

Nous sommes à Paris, au début du mois d’août 2011, et il fait une chaleur écrasante. Paris est envahi de touristes, et il fait bon traverser la capitale à bord d’un bateau-mouche. C’est au port de Grenelle que va se dérouler un drame : deux motards, transportant deux passagers s’arrêtent à proximité, sortent des fusils mitrailleurs et tirent dans la foule en direction de l’embarcadère. Plusieurs morts et des dizaines de blessés sont à déplorer lors de cet attentat.

Franck Casta de la police judiciaire est appelé sur les lieux. Il a été muté de Lyon suite à une douloureuse précédente affaire, où il a eu affaire avec le parrain lyonnais et où l’enquête s’est soldée par la mort de sa femme. C’est un homme intègre, et désirant mener ses enquêtes à sa façon sans tenir compte de sa hiérarchie. C’est aussi pour cela qu’il est mal vu de tous.

Alors que l’attentat est revendiqué par un groupe terroriste inconnu nommé Le Front d’Epuration Ethnique, Casta, sous la pression du ministère, va orienter l’enquête sur un homme qu’il a croisé à Lyon, Kipling, un tueur professionnel très efficace. Il va obtenir le soutien de son ami Sam Deligne, le responsable de la BRI de Lyon.

Tout d’abord, il faut rassurer les lecteurs : ce roman est la deuxième enquête de Franck Casta, et on n’est pas perdu, les personnages sont bien décrits (parfois trop), avec leur historique et leurs obsessions, et l’auteur parsème les éléments du roman précédent. On a ainsi l’impression de se retrouver avec des gens que l’on connaît déjà.

L’intrigue est une des grandes qualités de ce roman, avec la qualité de description des personnages. Car elle est très complexe, on part de cinq ou six points de départ pour arriver à un final bien fait, les indices sont découverts au fur et à mesure des déductions de Casta, et je dois dire que le style de Claude Poux est très agréable à suivre, malgré quelques longueurs pardonnables.

Ceux qui cherchent un polar coup de poing, écrit avec un style rapide et efficace passeront leur chemin. Par contre, pour tous ceux qui aiment se laisser emporter par un style bien écrit et une intrigue tortueuse, ce roman est pour vous. Cette lecture fut pour moi surprenante et bien divertissante, un bon polar à lire et des personnages à suivre.

D’autres avis sont à lire sur le net chez Oncle Paul, Scènes de crimes, Critiques libres, et Totalubrune

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  • : Le blog de Pierre Faverolle
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